jeudi, juillet 13, 2006

Clinique médicale Memprhé

Hier, j'ai eu le blues... le blues de mon ancien travail, de mon ancien ''chez-moi''. Je lavais tout bonnement une batche d'électrodes à ma clinique actuelle quand ça m'as pris... et je suis restée avec ça en tête toute la journée : La clinique Memprhé me manque.

Cette clinique-là, c'était ma famille. J'y étais secrétaire-réceptionniste. Et j'amais ça. C'est cette job-là qui m'a libérée du maudit resto, là où j'en ai appris un peu plus sur le monde médical, et sur le monde en général. Ma première vraie job, qui n'est ni-vraiment ma job d'étudiante ni-vraiment une vraie job d'adulte. Et surtout, là première job où j'ai appris qu'on pouvait être appréciés et apprécier son travail.

Je m'ennuie de ces matins de week-end, où, trop tôt, mon café Tim en main, j'ouvrais la porte de la clinique encore déserte. On voyait la lumière du matin filtrer par les grandes vitres en demi-lune et je me laissais porter par mes pas sur le moelleux tapis. Je prenais un plaisir fou à vider le lave-vaisselle et préparer le café... Préparation calme et zen pour une grosse journée, j'imagine. Parfois aussi la clinique n'était pas vide. J'avais un moment de suprise en voulant enlever un système d'alarme déjà enlevé et j'entendais, au loin, la voix d'un médecin déjà au travail. Depuis combien de temps, je ne saurais le dire; mais j'avais parfois l'impression qu'ils y avaient passé la nuit...

Je m'ennuie de la job. D'appeller des montagnes de patient, de répondre à des tonnes d'appels en sachant très bien que la majorité du temps rien au bout du fil n'est favorable. Je m'ennuie des milliards de feuilles à classer, des dossiers à placer; dans une course effrenée...

Je m'ennuie des patients, comme une vieille madame anglophone dont j'ai oublié le nom, mais dont je me rappelle le numéro de dossier, qui nous amenait des photos de son arbre de Noël et qui avait tant de misère à parler au téléphonne mais qui était si gentille que ça nous donnait (souvent!) la patience de l'écouter jusqu'au bout. Je m'ennuie d'un monsieur, Hollandais je crois, qui prenait un malin plaisir à nous raconter, dans un anglais incompéhensible, des histoires abracadabrantes sur un bistro que tenait son père avant la guerre...

Je m'ennuie des filles, les secrétaires, mes acolytes. Surtout d'une, en particulier. Une vraie mère, une vraie inspiration. Une femme forte. Une femme seule. Une femme coquette qui retouchait son rouge à lèvres avant de quitter. Une femme droite comme la justice et douce comme une soie. D, je n'ai connu personne qui ait jamais médit de toi et c'est peu dire. Je m'ennuie de tes conseils, de nos rires, de nos complicités.

Je m'ennuie des docs.

Dr. C : Qui savait tout. N'importe quoi, il savait tout. Ce n'était pas prétentieux. Il le savait et le partageait. Qu'il soit question d'un médicament, d'un char ou de la dernière joke des grandes-geules, il savait...

Dr. T: Le papa de la clinique. Mon boss. Ils étaient tous mes boss, mais pour moi c'était lui le vrai. Combien de fois il m'a chicané parce que j'étais venue travailler malgré la tempête de neige? Il était fantastique, avec tout le monde, quoiqu'il ait un peu tendance à s'oublier lui-même. Un exemple de dévotion et de générosité... cachés sous une moustache touffue! :P

Dr. N: Elle nous fesait finir tard, ses retard et ses rendez-vous impossibles nous vallaient la colère des patients mais ça en vallait la peine. Cette femme-là, on souhaite son bonheur à coup sur. Elle aussi se dévouait, je dirais même qu'elle se démenait. Un peu éparpillée, mais tellement à l'écoute. Une femme extraordinaire, assurément.

Dr. D: L'homme heureux. Je dirais même : Acuna-Matata. Je m'ennuie de ces références illisbles, des ses signatures pas signées dutout et de son '' Jeune dame de 65 ans...'' Et aussi du ton désinvolte qu'il prenait: '' Ben, dis-lui que moi non plus, je peux pas me relire...'' !!! On discutait souvent le soir, le manteau sur le dos, avant de partir, comme si ça batterie n'avait pas de fin. Ça me manque.

Dr. M: Il travaillait, bon sang qu'il travaillait et bien. Toujours au poste, à temps, à l'heure. Tout fait, bien fait, comme il le fallait. Et un respect! Seigneur, il me vouvoyais! :D Un personnage calme et rangé, quand tout tourbillone trop vite, un ground, une raison. Un homme exigeant, mais pas compliqué, pour qui il est plaisant de travailler.

Dr. M: Ma mère en peinture! Ahhahahaha! On en a passé des soirées ensemble, surement même que pendant un temps j'ai passé plus de soirées avec elle que son mari. Toujours à la tâche, jamais en retard. Mille et un projets aux commandes: formation continue, présentations, séminaires, etc. Une femme sévère, qui ne respectait pas les enfantillages des patients (et de tout le monde présent autour d'elle!). Une femme de coeur, qui ne comptait pas les heures. Une femme compétente. Un modèle pour moi, même si j'ai refusé de devenir médecin!

Dr. P: On le connaissait peu. Il avait un air sévère. Mais quand il lançait une blague avec son air pince-sans-rire, je pouvais rire pendant des jours...

Bon, je relis ça et j'ai l'impression de lire Blanche-Neige et les septs médecins... :P

Mais sérieusement, c'était bon, ce temps-là. Un travail exigeant, mais intéressant. Jamais, ne n'y suis allée de reculons. C'est sur comme tout le monde, des jours ça me tentait moins de travailler... mais pas de travailler là. Ils m'ont donné confiance en moi et envie de faire mon métier bien, scientifiquement, avec coeur et passion. Et c'est un merveilleux cadeau.

Vous me manquez. Tous. Énormément.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

Ouin, ben c'est vraiment un beau texte Marie! En lisant ça, j'ai eu les larmes aux yeux et la clinique me manque moi aussi :) Je l'imprime et je la montre à mon père (car tu sais qu'il ne sera pas capable d'y aller sur internet!)
Nico

Isa Rock On!! a dit...

Ahh tu me donnes le goût d'aller y porter mon cv ;)

Me a dit...

Mouwhahaha c'est sur qu'en tappant à deux doigts, ça va pas vite sur le net :P
J'espère que ton père appréciera!

Olivier a dit...

Tien tien, une fille de Acton Vales :)

La galoche, c'est ça le bar la-bas non ?

Me a dit...

Oui, O, la galoche est un bar d'Acton, et en plus, ma soeur y travaille! :P

Olivier a dit...

Haha ok, beau petit bar.

J'y étais aller une fois ainsi qu'au Bistro à l'époque que je fréquentais une ''Acton Valoise''.